Le Trocadéro est un théâtre belge situé rue Lulay-des-Fèbvres à Liège. C’est le plus parisien des cabarets liégeois et le dernier théâtre qui présente le concept de revue (genre théâtral qui associe musique, danse et sketches qui font la satire de personnes contemporaines, de l’actualité ou de la littérature) en Wallonie.
C’est également un théâtre privé qui fonctionne sans le moindre subside public.
Le théâtre est connu pour ses nombreuses revues mais il accueille également des comédiens, des humoristes et des concerts chaque année.
Historique La salle de L’Eden-Strasbourg
Le premier établissement ouvert où se trouve l’actuel « Trocadéro », s’appelait le « Strass » (ou plus exactement l’« Eden-Strasbourg »). Il était dirigé par un verviétois nommé Cerfont. Meuron, l’auteur des « Cramignons liégeois », en fut également directeur. Le Strass était un café concert qui plus tard devint un music-hall.
Il connut quelques épisodes malheureux. Une danseuse y fut tuée par un officier jaloux et, peu de temps après, les étudiants mettaient le café à sac, en guise de représailles, parce qu’un des leurs y avait été battu.
En 1897, on y présentait la revue « Liège-Express » de Jean Bury.
Dans une publication « Li Spritche », datant de 1898, on retrouve le sixain publicitaire suivant :
« A Strass, èl rowe Lulay (Au Strass, rue Lulay)
On s’distrêye, on s’y plait (on s’y distrait, on s’y plaît)
S’on vout passer s’dimègne, (Si l’on veut passer un dimanche)
Sins s’plainde èt sins fér l’hègne (Sans se plaindre et sans faire la grimace)
Qu’on court èl rowe Lulay (Que l’on court dans la rue Lulay)
A Strass, là widde qu’on s’plait (Au strass, là où l’on se plaît) »
Le Théâtre de la Renaissance
Le , le directeur du théâtre royal du Gymnase (devenu le Théâtre de Liège), Jean Florent Van Missiel, loue l’immeuble avec promesse de vente après cinq ans (concrétisée en 1908). Il fait reconstruire le bâtiment pour en faire une salle de spectacle, la « Renaissance ». La salle, à ossature entièrement métallique, est édifiée d’après des plans de l’ingénieur-architecte Paul Tombeur datés du . L’autorisation de bâtir est délivrée le 1. Les journaux de l’époque révèlent que Caroline Otero joue Rêve d’Opium, la pièce qu’elle avait créé à Paris.
Des spectacles de revue sont également présentés tels que : Mam’zelle Sourire, La Brigande, Rose Pompom, La Manolita, La Noce de Grivolet…
Un comédien du théâtre du Gymnase, Préval, promu directeur exploita aussi le répertoire des salles en vogue à Paris et engagea des artistes de renom comme Armand Beauval, René Vermandèle, Jane Oryan, Jane Dyt…
La renaissance sombra à l’aube de la guerre 14-18, à la suite de la fuite de l’impresario de « La Belle de New York », une revue qui ruina de fond en comble le directeur Préval, qui dut fermer boutique, il devint par la suite le directeur des Tournées Baret.
En 1915, le théâtre prend un nouvel essor, grâce à la famille Roos, père et fils, qui achètent l’immeuble le . Gageure pour les nouveaux directeurs, en pleine guerre, ils décident de jouer tous les jours de la semaine alors qu’auparavant les représentations n’étaient que bi-hebdomadaires. La Renaissance devint le Trocadéro.
L’incendie du Trocadéro de 1926
Le lundi , à la suite d’une vengeance de l’électricien du théâtre, un incendie ravage la salle et la troupe bénéficie ensuite de l’hospitalité du Gymnase. Quatre mois plus tard, le théâtre était restauré, sa façade reconstruite d’après les plans de l’architecte Maurice Devignée dans un style Art déco en vogue à l’époque. La réouverture eut lieu le premier 1.
Les opérettes bilingues
Le , l’ASBL Ciné-Théâtre-Trocadéro achetait l’immeuble à la famille Roos. La direction était confiée à Emile Lhoest.
Sous sa direction en 1933, débutèrent les opérettes bilingues qui furent des succès fulgurants :
L’amour tchante à Tchanturlète
Le Chauffeur de Madame
Lli Danseuse Espagnole
Si Prumi Bal : encore joué, en 2013, au Trocadéro de Liège par les Comédiens Wallons.
Påvion d’amoûr
Quand l’rédjumint passe : opérette dans laquelle Lambert Lemaire imagina le personnage de Titine créé par Henriette Brenu, personnage qu’elle devait conserver par la suite dans les revues tout au long de sa brillante carrière au Trocadéro plus de septante ans.
…
À l’époque de Lambert Lemaire
En 1946, Lambert Lemaire, auteur wallon, entre au Trocadéro. C’est en 1960 qu’il décide d’acheter le théâtre avec son épouse, Louise Mawet. Avec Paul Depas, il écrira des opérettes et de revues qui feront le succès du théâtre du Trocadéro. Ceux qui ont connu Henriette Brenu et Jacques Ronvaux s’en souviennent encore. Les spectacles et évènements se succèdent à un rythme époustouflant dans ce théâtre à l’italienne mettant en valeur des revues particulièrement prisées. On y organisa aussi des spectacles de lutte gréco-romaine ou des tournois de boxes, mais également des soirées wallonnes et des cabarets franco-wallons.
Le , un nouvel incendie, accidentel cette fois, éclatait au théâtre, ravageant la scène. Les travaux nécessaires furent immédiatement entrepris et la saison théâtrale put débuter sans retard à la mi-septembre.
Le Trocadéro accueille les Comédiens Associés de Janine Robiane et Andrée Goffinet. Cette troupe constituée dès la disparition du Gymnase présente des comédies de boulevard. Le théâtre reçoit également les Comédiens Wallons.
Juliette Lemaire, la seconde génération.
En 1966, Juliette Lemaire, la fille Lambert Lemaire et de Louise Mawet, crée son atelier de couture. Elle aidait son père à la bonne marche du théâtre avec son frère, Jacques. Il n’était d’ailleurs pas rare de la voir à la caisse, mais aussi comme ouvreuse ou encore derrière le comptoir de la cafétéria lors des entractes.
En 1980, à la mort de son père, Juliette Lemaire prend la direction du théâtre avec son frère. Leur duo fut de courte durée et Juliette reprend très vite seule les rênes de cette bonbonnière liégeoise. Elle a été également soutenue par son compagnon, Georges Spineux et surtout par son grand ami, celui qui fut comme un père pour elle dans sa vie au théâtre : Emile Sullon (revuiste, auteur, compositeur et chef d’orchestre bien connu du milieu du spectacle).
Juliette scinde le Trocadéro en deux sociétés bien distinctes : d’une part la « s.a Troca », en ce qui concerne le bâtiment et, d’autre part la « sprl Trocadéro » en ce qui concerne l’exploitation du lieu, l’accueil des spectacles extérieurs et la création de revue. Le tout, pour un petit loyer pour assurer la pérennisation des activités du théâtre.
À la suite de sa séparation avec Georges Spineux, Juliette Lemaire se retrouve seule à la direction de cette entreprise et associe son fils, Miche Depas, à la gestion et à la direction du théâtre. Très vite, un premier litige apparait entre la mère et le fils. Michel Depas fait valoir ses droits et obtient la moitié des parts de la s.a Troca (aujourd’hui, devenue sprl Trocadero Immo) alors que Juliette Lemaire avait toujours été l’unique exploitante des deux sociétés et possédait l’intégralité des parts.
Lors du décès de Juliette Lemaire
Au vu de tous les conflits existants avec son fils quant à l’avenir de son théâtre et rattrapée par la maladie, Madame Lemaire prend ses dispositions pour sa succession et désigne son petit fils, Jérôme Depas, comme héritier et successeur pour le théâtre. Son fils, quant à lui, reçoit la totalité de tous ses autres biens immobiliers et mobiliers.
Au décès de Juliette lemaire, le , Jérôme a 14 ans. Le théâtre vient de fêter son nonantième anniversaire. C’est Claude Crickboom, chanteur connu sous le pseudonyme « Didier Vincent » que Juliette Lemaire a choisi pour assurer la formation de Jérôme à la direction et l’intermittence en attendant la majorité de celui-ci.
En 2008, un second litige apparait, Michel Depas décide d’attaquer le bail, jugeant ridicule le prix de location. Ce loyer avait été instauré par Juliette Lemaire. Celle-ci était soucieuse de la survie à long terme du Trocadéro en tant qu’institution culturelle liégeoise et savait qu’un loyer supérieur mettrait en péril les activités du théâtre.
La quatrième génération !
Depuis 2012, Jérôme Depas, après avoir ”remercié” et mis à l’écart celui qui devait ”l’écoler” à savoir Didier Vincent , Jérôme a repris les rênes et, depuis lors, est à la tête de la sprl Trocadéro. Âgé de vingt ans, il honore de ce fait le souhait de sa grand-mère.
À ses côtés, se tient sa mère, Marion Deprez, qui assure la pérennisation de la revue. Chorégraphe au Trocadéro, elle a été formée à l’écriture de la revue par Emile Sullon et Juliette Lemaire.
L’un des grands objectifs de Jérôme Depas consiste à pérenniser la seule revue existante, à ce jour, en Belgique et à ouvrir les horizons du théâtre à tous les publics3.Depuis trois ans, il offre un souffle nouveau aux revues mais aussi en accueillant un bon nombre de spectacles d’humoristes et de concerts tels que Jérôme de Warzée, Nawell Madani, François Pirette, Chantal Ladesou, Norman Thavaud, Mathieu Madénian, Beverly Jo Scott… Même Gad Elmaleh est venu sur scène lors du spectacle de Patrick Timsit en .
En raison de l’augmentation du loyer du bâtiment demandé par la société propriétaire (détenue par Michel, Jerôme lui-même!!! et Louise Depas), et par la qualité des spectacles de revue présentés, la salle est petit à petit désertée de sa fidèle clientèle. La gestion tout aussi problématique voit de nombreux fournisseurs et autres intervenants artistiques non payés. Devant des créances devenues abyssales, la SPRL Théâtre du Trocadéro, gestionnaire de la salle du Trocadéro est déclarée en faillite en 4.
De l’enfer au Paradis !
Après de multiples offres d’achat, tant du bâtiment que du fonds de commerce, auprès de la curatelle, c’est finalement Michel Depas qui en créant la société Troca Production SPRL tente de relancer cette salle appartenant à sa famille depuis 1960.
Pendant la saison 2015–2016, le Trocadéro fête son centième anniversaire et Michel Depas aidé en cela par Sébastien Lallemand lance une nouvelle création de revue. La revue du renouveau porte le nom de « RENAI..100..CE ».
La Covid ! Les années galère!
En mars 2020, après des semaines de tergiversations, le théâtre est fermé pour cause de ”Covid”. là commence une traversée du désert ! 630 jours de fermeture des lieux culturels souvent pointés du doigt comme LES LIEUX de tous les dangers!
Des reprises timides ont eu lieu mais avec parfois des interdictions de jouer un spectacle reçues à 10 hures du matin quand 450 spectaceurs sont attendus le jour même ! Le futur décantera cette noire période et nous oennera peut-être des éclaircissements sur ce qui est et restera un drame Humain pour beaucoup et verra beaucoup d’artistes et de techniciens quitter le navire de la culture.
L’éclaircie et enfin le ”Phoenix”
Pendant l’été 2019 , Michel DEPAS soutenu en ça par sa famille et sa ”fille” Lorine décide de lancer un défi!
Accompagné en cela par Sébastien Lallemand , il décide, alors que des normes de 200 personnes maximum seront admises dans les lieux de spectacle, de relancer la création d’une revue !
Cette revue aura un nom plus que précis et d’actualité ”L’AN Foiré!” . C’est la peur au ventre que tout se met en place et que le spectacle aura lieu avec un humoriste invité qui fera un sacré chemin et quel chemin ! Pierre Emmanuel dit PE qui fera un tabac dans ce spectacle qu’il découvre et qu’il va adopter.
LE BONHEUR ET LA FIERTE !
LE 31 décembre 2022, alors que les salles sont limitées à 200 personnes et doivent fermer à 23 heures …….
la salle du Trocadéro est la SEULE SALLE DE LIEGE à jouer un spectacle et voit la revue ”L’An foiré” rencontrer un succès énorme. 200 personnes masquées font une ovation à cette troupe qui contre vents et marées à tenu le paris de se produire sur scène !
Tant les artistes que les personnes présentent dans la salle ce soir là se souviendront de ce plus que jamais ”AN Foiré.”
En 2022-2023 , enfin, les spectacles ont repris , au départ timidement puis avec une réussite et une présence se normalisant.
La revue ”Phoenix” représente, le renouveau et l’espoir d’un futu plus joyeux.
Lors de la saison 2016-17, après la reprise de la faillite le Trocadéro avait environs 50 spectacles programmés sur la saison .
Pour sa saison 2023-24 c est pas moins de 116 spectacles qui sont programmés!
Cela ne serait pas arriver sans une détermination sans faille, un amour du théâtre et une équipe formidable.
Façade
La façade de style typiquement Art Déco fut réalisée d’après les plans de l’architecte Maurice Devignée après l’incendie de 1926.Sur la façade, au niveau du premier étage, deux loggias en avant-corps sont soutenues par des sculptures. Ces sculptures représentant un homme jambes croisées soutenant les loggias sur leur dos aurait pour nom, selon la légende, Francis5.
La salle du Trocadéro
Surnommée la bonbonnière de la rue Lulay, la salle est entièrement décoré de velours rouge et de la peinture à la feuille d’or. Le Trocadéro est un véritable théâtre à l’italienne en miniature. Il peut cependant accueillir près de 650 spectateurs. Le théâtre a la particularité de se situer en plein centre ville de la cité ardente.
Par arrêté ministériel du 16 février 2009, certaines parties de ce théâtre ont été classées, à savoir la façade à rue à l’exception du rez-de-chaussée, la totalité des toitures y compris la charpente métallique, la salle de spectacle à ossature métallique, à l’exception des sièges.
De la sorte, l’activité artistique du lieu est garantie. Il ne sera donc pas possible, quoi qu’il arrive, de vendre l’endroit et de réaffecter les lieux en commerce.
Grande Salle
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